1992-1993

Début l'été:Jacques Taillefer, qui a travaillé sur l'histoire du Carrefour et qui siège à l'ACFO régionale, me convainc de monter une nouvelle équipe afin de s'attaquer cette fois à l'histoire de l'ACFO du grand Sudbury. En attendant la prochaine année universitaire, il passera l'été, dans le cadre d’un travail étudiant, à dépouiller et inventorier les archives régionales de l'Association.

Été: Si, en allant à Winnipeg j'avais dans mes bagages l'idée d'une société historique des étudiants, quand je reviens à Sudbury, j'apporte avec moi cette idée de chronique radiophonique de l'ACFAS. Nouvellement fondée , l'ACFAS-Sudbury accueille avec intérêt ce projet qui trouve un écho favorable chez Alain Dorion, réalisateur à CBON, la station locale de Radio-Canada. Le défi est de taille puisqu'il faut présenter, à la rentrée d'automne, une série hebdomadaire de 5 à 7 minutes durant toute la saison. Beaucoup plus brèves qu'à Winnipeg, les chroniques pourront, en revanche, rejoindre une clientèle plus nombreuse.

Début juillet: Je dois entreprendre de nombreux travaux pour mettre la maison à notre main. Normand viendra passer une bonne semaine et mettra l'épaule à la roue. Comme on se le disait entre nous, pour justifier les travaux effectués alors que nous étions en vacances: «Faut bien gagner notre pitance!». À l'extérieur, je peux compter sur un nouveau partenaire car Étienne s'est offert et prend plaisir à me donner un coup de main. Avec lui, on parvient à se débarrasser de l'ombrageux érable de la cour arrière.

28 juillet: En ma présence, le TNO procède à un nouveau lancement de notre livre historique. J'ai rédigé, pour les circonstances, un petit discours qui a été conservé. Pour se faire une meilleure idée du contenu de l’ouvrage, on peut consulter le compte rendu rédigé par Alexandre Lazaridès publié, en 1994, dans la revue Jeu: revue de théâtre (no 73, p. 48-51).

Août: Veuve depuis quelques semaines, la belle-mère vient nous rendre visite à Sudbury avec le frère de Micheline et sa blonde Nicole. Micheline a invité sa mère à venir passer du temps à Sudbury afin d'atténuer la douleur d'avoir perdu son mari Laurier.

24 août:Le Carrefour ayant refusé de publier le manuscrit sur son histoire, je soumets le texte à Jean-Pierre Pichette de la Société historique du Nouvel-Ontario, en étant conscient que le manuscrit devra être revu pour tenir compte d'une édition plus modeste et sans illustration.

Début septembre: Pour le projet de l'histoire de l'ACFO du grand Sudbury, je recrute mes historiens-auteurs, à commencer par Jacques Taillefer. Puis je fais appel à Pierre Ouellette qui commence sa maîtrise, à Michel Bock qui est alors corédacteur de L'Orignal déchaîné et à Julie Lafrenière. Fort de ma dernière expérience au Carrefour alors que la rédaction des textes avait été orientée au départ en fonction d'un ouvrage grand public, abondamment illustré et qui devait être dépourvu de notes de bas de page ─décision qui reprenait celle du livre sur le TNO mais que je regrettais maintenant que le mansucrit était soumis à la Société historique du Nouvel-Ontario─ je souhaite cette fois un livre avant tout d'historien richement pourvu de notes de bas de page.

Confiant d'obtenir notre sabbatique, Micheline et moi réfléchissons à une proposition d'enseigner au campus de la Laurentienne à Villefranche-sur-Mer près de Nice, dirigé par mon ancien doyen, Walter Schawger. Je lui écrits avec qui je correponds à quelques reprises, après qu’il nous ait offert d'aller y enseigner pendant la sabbatique et d'y amener les enfants. Finalement, nous refusons son offre qui aurait exigé de la part de Micheline qu'elle consacre trop d'heures d'enseignement alors qu'elle doit profiter de ce congé pour rédiger sa thèse de doctorat. Diplôme qu’elle doit obtenir afin de conserver son emploi.

13 septembre: Pendant que Micheline le fait de son côté, je dépose ma demande de congé sabbatique qui met de l'avant la rédaction d'un manuscrit sur l'histoire forestière réunissant certains chapitres de ma thèse avec des éléments tirés de mes recherches récentes en Ontario.

3 octobre: Je présente l'une des premières chroniques de l'ACFAS-Sudbury, en abordant la constitution canadienne, sujet que j'avais traité à Winnipeg dans les chroniques de l'ACFAS-Manitoba. Comme mon intervention doit être brève, le sujet sera réparti dans trois chroniques. Voici le texte conservé de ma première intervention.

20 octobre: À l'inverse de la recherche pour le TNO et le Carrefour francophone qui possédaient sur place leurs propres archives, le projet de l'histoire de l'ACFO du grand Sudbury exige des déplacements à Ottawa au CRCCF. Si j'ai demandé un peu de sous à mon doyen et ami, Geoff Tesson, je dois aussi m'absenter avec des membres de l'équipe pour Ottawa en prévenant mon directeur de département. Et heureusement que Lionel Bonin, de la Bibliothèque de la Laurentienne, a dégagé des sous pour microfilmer certains précieux documents, ce qui fut autorisé par l'ACFO provinciale.

Décembre: La Société historique du Nouvel-Ontario publie notre livre sur l'histoire du Carrefour. Après plus de 18 mois de retard, ce projet devient enfin un livre que Gaétan Gervais a eu la gentillesse de préfacer.

Dieter et Geoff nous encouragent fortement de profiter de la sabbatique pour aller vivre en France pendant un an. Il y a d'autres façons d'y séjourner que d'aller enseigner à Villefranche-sur-Mer. Si Micheline est enthousiaste à l'idée d'aller s'établir en France, elle qui a déjà vécu deux ans au Maroc, je demande à être convaincu.

26 décembre: Je consacre deux chroniques à Christophe Colomb en reprenant celle que j'avais faite à la radio communautaire pour l'ACAFS-Manitoba. La chronique du 26 décembre et celle du 2 janvier sont conservées dans mon fonds d'archives.

1993:

13 janvier: La vice-rectrice adjointe aux programmes en français, Dyane Adam, ne s'entend pas suffisamment bien avec la nouvelle administration pour qu'on souhaite la garder à son poste. Aussi, un comité de sélection dont je fais partie, a été mis sur pied afin de trouver un nouveau titulaire à ce poste. Cette journée-là, je lui envoie une lettre qui traite notamment de son remplacement.

12 février: Comme c'est la coutume pendant la semaine de relâche de février, je pars en voyage avec la SHEUL. Cette fois, le projet de visiter Montréal est moins ambitieux car je ne serai parti que 5 jours. Ayant bénéficié de subventions, le bilan du voyage est envoyé à différents intervenants de la Laurentienne.

Hiver: La Revue d'histoire de l'Amérique française publie notre article sur les données officielles des récoltes des matières ligneuses au Québec.

Avril: Après quelques péripéties, le prix du recteur, avec une cagnotte ramené à 7,000$, fait peau neuve et connaît son dénouement. Pour la 4e fois, L'Orignal déchaîné est à l'honneur, mais pas comme les années passées, alors que les Orignaux Luc Comeau, Geneviève Ribordy et Marie-Noël Shank avaient décroché les 8000$ tant convoités. Cette fois, son corédacteur en chef, Michel Bock, gagne le prix de composition de langue française, un autre gagnant ayant été désigné pour la composition de langue anglaise. Des mauvaises langues ont prétendu, à l'époque, que certains anglophones, mécontents de ne pas avoir encore décroché la cagnotte, ont convaincu l'administration et l'organisme qui versait l’argent, soit le Fonds de bienfaisance du Foyer pour garçons du district de Sudbury, de scinder le concours en deux, tout en conservant les mêmes conditions d’admissibilité.Après avoir d’abord pensé à alterner d’une année à l’autre entre une composition de langue anglaise et une autre de langue française et après avoir décidé que la compétition de 1993 serait uniquement en langue anglaise, les plaintes soulevées –et notamment par L'Orignal déchaîné– ont été telles que finalement il fut décidé d’adopter le principe d’une compétition parallèle annuelle, en répartissant grossièrement la somme en jeu en deux. Pour en savoir davantage sur la conclusion de cette histoire, on pourra lira l’article de Robert Bradley, responsable laurentien de l’administration du concours dans L'Orignal déchaîné du 13 janvier 1993.

Pendant toute l'année universitaire, j'ai supervisé trois mémoires de baccalauréat qui sont soutenus avec succès en avril. Il s'agit de celui de Josée Valiquette, Gilles Proulx et Marc Despatie. Pour les amener à bon port, j'ai adopté un calendrier de recherche et de rédaction qui ne souffre pas d'exception. J'exige, par exemple, l'équivalent de dix jours de travail à temps plein en décembre afin de compléter, dès le retour de janvier, la rédaction du fameux premier chapitre historiographique.

Après une examen serré des candidatures soumises pour le poste de vice-recteur adjoint aux programmes en français, la candidature de Gratien Allaire est finalement retenue et approuvée par le conseil des gouverneurs. À l’époque, j'approuve cette nomination qui a aussi le mérite d'ajouter un historien en histoire canadienne sur le campus. En effet, comme le veut la pratique, cette nomination est assujettie à une permanence de sorte qu'à la fin de son mandat de 5 ans, le titulaire du poste est rattaché à son département, en l'occurrence celui d'histoire.

Un ancien collège de Micheline, Jacques Berger installé en France, nous a trouvé une maison que l'on pourrait louer à compter de septembre afin d'y passer l'année universitaire. Le village, perdu dans un des départements les plus ruraux et isolés de France, l'Aveyron, se nomme Nant, à ne pas confondre avec Nantes, cette merveilleuse ville du Nord de la France et qui se dit bretonne. La situation géographique nous plaît parce qu'il nous faudra 90 minutes pour se rendre à Montpellier lorsque Micheline aura besoin de rencontrer sa directrice de thèse, sans compter que notre ancien collègue Jacques Berger et sa blonde, Renée, vivent à 45 minutes de route de Nant.

Le village qui ne compte pas 1,000 habitants n'a pas de lycée pour Étienne et Marjolaine. On les voit mal enfermés dans ce village alors que Micheline devra s'attaquer à la rédaction de sa thèse de doctorat. C'est alors que Jean-Claude nous propose de les prendre pour un an en Afrique alors qu'il sera en poste à Ouagadougou, capitale du Burkina Fasso. En prime, ils pourront même y amener Pico et notre chatte que nous avions bêtement nommée Minoune. Quant à Louis-Philippe, nous sachant quitter Sudbury, il décide de retourner vivre à Montréal chez sa mère.

Mai: Il y a beaucoup à faire pour aller s'installer en France avec mon projet de manuscrit en histoire forestière et avec celui de Micheline de rédiger sa thèse de doctorat sur l'influence du cinéma dans la littérature canadienne-française. L'équivalent d'une dizaine de boîtes contenant des livres, des photocopies et une imprimante doivent être envoyées par bateau. On doit aussi se procurer une voiture sur place. Comme Geoff et Dieter nous ont parlé d'une mesure fiscale avantageuse pour l'achat d'une voiture en Europe qu'on pourrait ensuite ramener en Ontario après un séjour d’un an, Micheline décide de réaliser un de ses rêves, s'acheter une Westphalia de l'année, construite en Allemagne et dont on prendrait la livraison en Autriche. Pour ce faire, il faut des mois à l’avance finaliser bien des démarches.

Mai-juin : Micheline et moi passons plusieurs semaines à revoir le manuscrit sur l'histoire de l'ACFO. Les chapitres des historiens-auteurs sont non seulement beaucoup plus longs, il y a aussi l'index onomastique, la bibliographie et les annexes à reconstituer. On pourra lire la genèse de l'ouvrage pour un résumé des principales étapes de sa production.

17 juillet: Geoff et Josette nous invitent pour fêter notre sabbatique en France. Pour l'occasion, ils ont invité Dieter et Judith, de même que Normand Fortin, un ami que j'avais connu à Winnipeg et qui est venu diriger le Centre des langues de l'Université Laurentienne. On a le cœur léger à l'aube d'une sabbatique!

Fin juillet: Afin que le séjour des enfants en Afrique se passe le mieux possible, on a préparé une vingtaine de boîtes de leurs effets personnels qui seront livrés à Ouagadougou aux frais de l'employeur de Jean-Claude.

Avant de partir, je règle quelques dossiers universitaires, à commencer par une lettre adressée au vice-recteur et dans laquelle je tente une dernière fois de le convaincre d'intervenir en la faveur d'un collègue dans le processus d'embauche d'un professeur à l'école des Sciences de l'éducation. Cette démarche, qui sous-estimait la grande autonomie de cette école vis-à-vis de l'administration, sera un échec.

Sachant mon directeur de département, Angus Gilbert, lutter pour sa vie, je lui envoie un petit mot pour le remercier pour tout ce qu'il a fait pour moi et pour la communauté franco-ontarienne. Sans lui dire, ce sont mes adieux à cet homme qui me servira de modèle quand je serai appelé à présider une réunion.

Finalement, Gaétan Gervais et moi rédigeons une note de service que nous adressons à nos collègues historiens francophones enseignant en milieu minoritaire afin d'exposer le projet d'un manuel d'histoire canadienne adapté à nos besoins. Ce projet sera éventuellement pris en charge par nos collègues acadiens.

Début août: Ayant loué notre maison à Marie-Luce Garceau et à Marie-Noël Shank, on quitte rue David pour Montréal avec l'intention de passer quelque temps avec les enfants en vacances au Québec. C'est ainsi qu'on ira rendre visite à Normand Guilbault à Repentigny, à ma cousine Renée à Joliette et à Normand Fortin à Rivière-Ouelle afin de revenir au milieu du mois en prévision de nos traversées transatlantiques respectives.